Il était une fois Saint Ruf
19 janvier 2023
JEUDI 19 JANVIER 2023 …… IL ETAIT UNE FOIS SAINT RUF
Vingt cinq personnes face à 2 vents :
Celui habituel et très frisquet dénommé le Mistral qui a l’art de passer sur le Ventoux enneigé et gelé pour déverser ce souvenir glacé sur les épaules des Avignonnais qui ne parviennent jamais à s’habituer à lui mais disent beaucoup l’aimer pour le ciel bleu marine et le soleil éclatant qu’il dispense quand, dans le nord (à partir de Valence), il pleut et il fait gris !!!
Et le second, celui de la révolte contre l’élévation de l’âge de la retraite : des manifestants plein les rues…
Visites du matin ou rendez-vous en terre inconnue pour un grand nombre des « adhérents présents »
Le quartier Saint Ruf : Nous allons en « vent contraire » sur l’arrêt de trams intitulé « Place Saint Ruf », pour y retrouver la muse de Saint Ruf : Nerte Dautier *… Née dans cette espèce de village (c’est dans le « vent » de dire : le « faubourg ») inclus certes, dans la ville, mais qui a son monde bien à lui, ses rites et son rythme particuliers : elle en connaît toutes les spécificités et ses origines…
Si vous lui dites que oui, Saint Ruf n’est ni plus, ni moins qu’un des 26 quartiers de la ville, elle vous rétorquera que ce fut le premier territoire hors des murs à être « habité » et les autres n’ont pas la particularité de pouvoir vivre en autarcie complète… Tous les commerces y fleurissent, deux écoles (une publique et une privée), une église, une clinique, une maison de retraite, il y avait un cinéma et une maternité… et puis saint Ruf (qui s’écrivait Ruff dans le temps) est délimité quand même par la via Agrippa qui conduisait les pas des Romains, de Marseille (en passant par la capricieuse Durance) à Avignon (son tracé dans Avignon ? la porte saint Michel, la rue des 3 faucons, la porte de la principale et les rives du Rhône)
Et ce quartier a un cœur, une âme … il faut y vivre pour le comprendre et pour admettre qu’ici plus que partout ailleurs dans la ville, la mixité sociale n ’est pas un problème mais une belle harmonie… toutes les catégories de personnes, beaucoup de nationalités cohabitent sans tensions… Cela vient peut-être du fait que se construisirent de concert, et avec une certaine « anarchie », il faut le reconnaître !!! (Et 2 plans d’urbanisation eurent bien du mal à la juguler) au 19°siècle, des résidences pavillonnaires de grand standing (les belles demeures d’art nouveau, et d’art déco essaimées de çà, de là, en témoignent) à côté d’immeubles collectifs… qu’un monde de maraîchers côtoyait une communauté d’artisans spécialisés dans le travail des métaux, des bois, et de la pierre et du ciment… le quartier, lorsqu’il s’agrandit, respecte les tracés des canaux indispensables aux maraîchers et aux ateliers…. Une autre particularité architecturale de ce petit monde : de part et d’autre des 3 grands axes ; l’avenue Saint Ruf, celle de l’Arrousaire et de Monclar, serpente un circuit perpendiculaire de petites impasses (tordues !!!) où fleurissent en grappe, avec le même schéma : des maisons d’un étage et demi (on n’habite pas au rez de chaussée, on habite un demi étage au-dessus !! car la Durance a de folles crues presque tous les automnes et les printemps) sont construites au fond de la propriété et le jardin « coupe » les occupants de l’impasse !!!! les industries qui commencent à émerger sont localisées quant à elles à la limite du faubourg, à Champfleury… et là un petit arrêt spécial pour « les amis du musée Vouland » : à la station « place saint Ruf » du tram actuel (pour mémoire, il y eut un tram au début du 20° siècle … l’un des premiers installés dans une ville moyenne… il ne fut jamais rentable et fut « rencardé » en 1932 !!!).
*Nerte Dautier : auteure ou co-auteure de : bastides et jardins de Provence. Maisons rurales et vie paysanne en Provence. Guides d’Avignon, d’Aix en Provence. Autour de Sainte Victoire. Les Alpilles. Etc…
Membre active et fondatrice de l’ONG « VOLUBILIS » association-réseau Euro-Méditerranéenne pour la ville et le paysage.
A la station « place saint Ruf » : quelques panneaux (fort bien faits) résument la vie du quartier au cours des siècles et des activités économiques… la première photo ; les usines de la SAP (société d’alimentation provençale)) de Louis VOULAND qui donnaient du travail à des centaines d’employés dans des conditions optimales de sécurité sanitaire et de protections… Hommage à cet entrepreneur aux idées novatrices qui devait sa fortune à la fourniture exclusive à l’armée française de corned-beef pendant la guerre de 14/18.
Après la première guerre mondiale, il crée la marque de saucisson et jambon « Mireille »…
En 1944, le 19 mai (veille de Pentecôte), pour préparer les débarquements en Normandie et en Provence, les Alliés veulent détruire toutes les infrastructures ferroviaires et fluviales de toutes les villes et Avignon subit donc sa première attaque aérienne ( la plus meurtrière)… Cette veille de Pentecôte,108 avions américains partis d’Italie viennent larguer sur la ville 350 tonnes de bombes… Saint Ruf est écrabouillé, ce quartier a la malchance d’être à 500 mètres à vol d’oiseau des Rotondes (nœud ferroviaire entre sud et nord de la France) et des ponts stratégiques sur le Rhône !!! Il y aura ce jour-là 500 morts et 1000 blessés dans la ville, les maisons et logements détruits se chiffrent par milliers !!! l’usine de louis Vouland est détruite…. La fin de l’occupation et la paix retrouvées stimulent les Avignonnais et galvanisent leur énergie à tout reconstruire….en modernisant… les maisons sont équipées de toilettes et de salle de bains… on oublie les crues de la Durance et les demis étages…. Les barrages sur la Durance et le Rhône seront mis en place dans la foulée….Louis Vouland toujours aux aguets pour améliorer les conditions de travail et d’hygiène est aux commandes pour réaliser une usine « modèle »…. (Photos récupérées sur http : Michel Benoît // un trésor que ce site sur Avignon : on découvre tout ce qu’on cherche – ou pas d’ailleurs- et dans tous les domaines !!!)
Qu’en est-il du quartier Saint Ruf en 2023 ??? (sentiment personnel de référente : en aucun cas notre guide n’a tenu les propos qui suivent !!!) Une montée d’adrénaline saisit tout automobiliste qui doit s’y rendre, depuis un an environ !!!! Si le quartier participait au guide des records pour la détention des sens interdits … ; il gagnerait sans aucun doute haut la main le record international…. Alors, on tente d’utiliser les transports en commun …les circuits y sont mal « foutus ». et si par une journée ensoleillée vous prenez la décision de vous déplacer soit en vélo ( nombre considérable d’accidents enregistrés : les roues des vélos se coincent dans les rails des trams), vous roulez donc sur les larges trottoirs et cohabitez tant bien que mal avec les skates, les trottinettes !!! Si vous choisissez d’être piétons….Vous devenez un martien dans le faubourg !!! vous risquez votre vie à tous les instants et passez votre temps à hurler de peur face à des vélos, des voitures qui sont garées sur le trottoirs et les trottinettes !!! (il serait si simple de mettre un côté du trottoir pour les 2 roues et celui d’en face pour les piétons !!!). Bon … il vaut mieux penser que les circuits actuels pour le sens de la circulation ont été « pondus » par un ordinateur et qu’aucun humain n’a vérifié ses aberrations !!!
Sur l’ancienne surface de l’Usine Vouland : super marché Leclerc….
Conseil : éditez-vous la proposition de « promenade-dans- le quartier- Saint-Ruf » super bien documentée par l'association « Bien vivre à Saint Ruf » dont le précieux travail de recherche et de documentation du quartier a permis à EMMANUEL ROFIDAL Guide conférencier à l’Office de tourisme d’Avignon (Décembre 2020) de créer ce super circuit … à faire absolument….
ABBAYE ROMANE SAINT RUF : (dont il ne reste qu’une partie de l’église romane aux proportions et à la qualité des façades et des voutes qui laissent supposer qu’elle a dû être l’une des plus majestueuses de la région du temps des papes !!!) Les quelques chapiteaux qui ont survécu à la destruction et qui sont aujourd’hui conservés au musée du Petit Palais à Avignon témoignent du talent des tailleurs de pierre qui travaillèrent le marbre de Carrare. Ils sont un très bel exemple de la sculpture romane provençale et montrent l’influence de l’Antiquité.
Quelques centaines de mètres à pied et nous allons rejoindre… Guilhem Baro, archéologue du service d’archéologie du département de Vaucluse, qui a pratiqué des fouilles, il y a une dizaine d’années, pour en savoir plus sur ce que cachaient les sous-sols, le dessous des fondations et des ruines de cette abbaye….Il est formel : ce site fut occupé dès l’antiquité… de nombreux sarcophages en marbre y furent découverts….On peut supposer qu’une nécropole romaine identique à celle des Alyscamps d’Arles était ainsi installé à la périphérie de la ville, entre Durance et Rhône….
Il a découvert une tombe sarcophage simple construite avec des pierres taillées de « réemploi »… A l’époque tous les avignonnais « branchés histoire » ont espéré qu’on avait exhumé » Rufus, le fondateur de l’église, le premier évêque de la ville (fin du 3° siècle après J.C), il serait venu en Provence avec les Saintes, lui le supposé fils de Simon de Cyrène qui a aidé le Christ à porter sa croix…. (léger décalage historique tout de même : s’il est le fils d’un homme qui a connu le christ, il y a 2,5 siècles de trop !!! entre son père et lui !!!). A ce jour Rufus n’est pas retrouvé !!!
C’est au début du 10ème siècle qu’apparaît l’une des premières mentions écrites de l’abbaye de Saint Ruf. Au cours du 11ème siècle, des chanoines de Notre Dame des Doms occupèrent l’abbaye et y fondèrent l’ordre des chanoines réguliers de Saint Ruf, qui se basait sur la règle de Saint Augustin. Le succès de l’abbaye de Saint-Ruf qui était toujours à la pointe pour réformer les dogmes, fit de l’ombre aux prélats de Notre-Dame-des-Doms d’Avignon, ouverts seulement à des réformes « graduelles ». Peu à peu, les moines de l’abbaye s’émancipèrent de la tutelle du prévôt de Notre Dame des Doms. Leur influence gagna l’Aquitaine, l’Auvergne, le Portugal, l’Italie, jusqu’à la Terre Sainte. En 1140 l’Anglais Nicolas Breakspear devint abbé de Saint Ruf. Il se rendit ensuite à Rome où il devint pape sous le nom d’Adrien IV ; il est à ce jour le seul pape d’origine anglaise.
Toutefois, Adrien IV fit transférer le siège de l’abbaye à Valence, et l’abbaye devint un simple prieuré. Au 14ème siècle, l’abbaye était en pleine campagne et isolée par rapport à Avignon. Afin de se protéger en ces temps de guerre, les abbés firent fortifier les bâtiments, comme en témoigne le crénelage encore visible sur la partie supérieure des vestiges. L’ordre périclita entre les 16 et 18èmes siècles. Suite aux guerres de Religion, l’église et le monastère furent restaurés au 17ème siècle. Toutefois, l’état de délabrement dans lequel se trouvaient les édifices au 18ème siècle contraignit le dernier abbé à raser l’église en 1763. La nef fut détruite en 1763 car elle menaçait de s’effondrer et parce qu’il n’y avait pas d’argent pour la restaurer. Derrière la grille se déploie la partie orientale de l’église romane, qui échappa à la destruction : le transept, surmonté du clocher et l’abside dont l’extérieur présente 5 faces entre deux absidioles circulaires. Chacune des faces du clocher est ornée de baies géminées séparées par une colonnette. Le chœur, voûté en cul-de-four, est orné de trois fenêtres encadrées d'élégantes colonnettes à la décoration variée. Il est précédé d'un arc triomphal soutenu par deux pilastres au fût cannelé.
Excusez du peu et pour mémoire : Saint Ruf a fourni trois papes : Anastase IV, Adrien IV, et Jules II.
MIDI : RENDEZ-VOUS A L’ECOLE HOTELIERE EN TRAM …
Pour beaucoup de participants à cette visite, « prendre » le tram d’Avignon après s’être garés à « cap Sud » le matin et revenir à midi par le même transport en commun fut une grande « première. C’était la meilleure des solutions pour ne pas avoir à « subir » les embouteillages monstres du quartier Saint Ruf et surtout pour retrouver son véhicule afin de se rendre à l’école hôtelière pour une halte gastronomique et pouvoir repartir à Tavel l’après-midi…
L’école hôtelière c’est toujours super sympa… quelques photos souvenirs faites par Robert Miollan.
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